Les dossiers secrets de l'inspecteur Lavardin



Lavardin est un flic violent, manipulateur, cruel, malhonnête et porté sur la bouteille.
Des qualités qui font de cet anti-columbo un personnage jouissif et attachant , truculent et jubilatoire. La sauce gribiche prenant particulièrement grâce à son acteur principal : Jean Poiret , parfait dans le costume , l’œil rieur et la réplique cinglante.
Par deux films excellents, chabrol nous donne l'irrésistible envie d’être à la place de son inspecteur; la cathartique possibilité d’être un affreux sans aucun filtre à l’égard de ses semblables. L'idée d'en faire une série était donc, a priori , une putain de bonne idée ; histoire de prolonger le plaisir à moindre frais , puisque la forme se prêtait tout à fait au format TV.
C'est donc le père chabrol qui se charge des 2 premiers épisodes sur un total qui n'en comptera que 4 au final.

En entrée : L'escargot noir :

Et dès le départ , oula que c'est pas bon ! Tout le monde semble se foutre du travail qu'il est en train de faire. Le réalisateur est en vacances, le scénariste en neuro et les acteurs, quand ils ne sont pas totalement mauvais (mention spéciale à ce pauvre Mario David dans une prestation digne d'un Philippe clair), semblent se faire chier au delà du réel.
Putain qu'est-ce que je joue mal ...

Voir un Francois Perrot protester contre les maltraitances physiques de Lavardin de la même manière qu'il commanderait un café dans un troquet torve de banlieue laisse songeur. Quand a Stéphane Audran ,en tête de distribution dans le générique, elle n'apparait que pour les 5 dernières minutes dans un surréaliste numéro de femme terrorisée proche du délire dépressif sous LSD.
Le seul qui semble vouloir bien faire c'est jean poiret qui surnage un peu au milieu de tout ça; hélas il n'est absolument pas aidé par un scénario catastrophique dont le twist final, au panthéon du ridicule , n'aura qu'un mérite : la palme de la réplique la plus con - "les escargots noir ? c'est ma mère qui les peint" . Je vous laisse découvrir le contexte vertigineux dans lequel on peux l'entendre , ne voulant surtout pas vous spoiler ce chef d’œuvre de suspens .

1er plat : Maux croisés :

Pour la suite, toute l'équipe part en thalasso dans une station thermale en Italie . On commence à un peu mieux comprendre , tout ça n'est donc que prétexte a farnienter au frais de la prod. Comment vous dire? Ici aussi c'est le foutage de gueule complet . On sent clairement que ça devait passer plus de temps au bar de l’hôtel qu'à faire en sorte de tourner un truc qui tienne un temps soit peu la route. L'histoire n'a strictement aucun intérêt , c'est totalement improbable et au final,comme chabrol ,on s'en tape .Les acteurs sont aux fraises , Venantino Venantini ayant même droit a un traitement pire que celui de Stéphane Audran : 30 secondes de film et une seule réplique "non" .Ca cachetonne au ras des paquerettes, du coup Je passe rapidement sur cet épisode car à ce moment là, on se dit que ça commence a sentir le conifère transalpin. 
Laissez moi dire ma réplique au moins !

 

Mais c'était sans compter sur Christian de Chalonge qui n'a visiblement pas envie de laisser couler le bateau.
 

Changement de propriétaire et nouveau menu : Le château du pendu

Christian de chalonge est un réalisateur vraiment atypique et finalement peu prolifique au cinéma. On lui doit ,entre autre, trois films que j'ai toujours particulièrement appréciés : L'argent des autres , Malevil et Le docteur Petiot .
Toujours on retrouve une patte particulière , une ambiance , un travail sur le son , la présence d'animaux sans que cela soit justifié dans le scénario , des pannes d’électricité sans incidence sur l'histoire; tous ces petits détails qui sont toujours là, légèrement étranges et discrètement décalés.
Bem vindo en tranchylvanie

Dès le départ, le château du pendu dénote avec les précédents épisodes; le choix du décor déjà , belle trouvaille portugaise  , du pur style, entre le gothique et le conte de fée. L’intérieur n'est pas en reste avec cette multitude d'animaux empaillés (le contraste est marqué avec la foule d'animaux animés a l’extérieur) et l’omniprésence de chants d'oiseaux alors qu'ils n'y en a aucun de vivant. Les résidents sont quand a eux a l'image de la demeure , barrés, étranges et inquiétants; mention spéciale à la châtelaine qui profite de la nuit pour se masturber frénétiquement sur le magnifique sanglier naturalisé du hall.
Folle ambiance au chateau.

Lavardin s'en donne à cœur joie pour bousculer tout ce beau monde, malgré une certaine incompréhension qui ne le quittera pas jusqu'à la fin de l’épisode pour un final qui va doucement virer vers le fantastique.
Je n'en dis pas plus, le sauvetage de la série tient là du miracle et pourtant c’était très mal barré.

En digestif: le diable en ville

Le dernier épisode est également du même réalisateur et, s'il n'est pas aussi bon que le précédent, reste tout a fait  délicieux grâce a un atout de maître: Bruno CREMER .
Cremer c'est l'acteur type au sujet duquel le spectateur se dit qu'on peux pas l'emmerder celui la. ni même le prendre de haut . Son autorité naturelle, ainsi que son imposante carrure, font de lui un antagoniste de taille face a un Lavardin et c'est là tout le plaisir de la confrontation . Bien loin d’être impressionné par le jeu du Bruno (en grande forme) il va se déchaîner et le traiter comme une belle bouse. Jouissif. Le spectateur assiste incrédule au massacre, d'autant plus que Lavardin sait pertinemment que ce n'est pas lui l'assassin, mais il s'en fout le Lavardin , il est comme ça , si ça peux faire plaisir il n'est pas avare en humiliation.
Un bon petit final pour une série boiteuse, dont une des deux jambes est en bois mais l'autre foutrement bien gaulée.  
Je reprendrais bien une petite prune moi.

L'addition:

Bon attention j'adore CHABROL , qu'on s'entende bien, mais quand il reste honnête dans sa démarche. Ce n'est ici absolument pas le cas .C'est De Chalonge qui sauve les meubles avec talent. finalement 2 sur 4 ça reste une moyenne que l'on peux facilement biaiser en ne regardant que les deux derniers épisodes. Là ça nous donne du 100 % .
Tout est une affaire de point de vue ...

 Les Dossiers secrets de l'inspecteur Lavardin:
  série française en quatre épisodes de 90 minutes 1988-1990

Commentaires

  1. Bonjour. Je ne suis pas d'accord avec vos analyses sur les épisodes de cette mini-série. Au contraire, ils me paraissent soignés à tous les niveaux et se révèlent plus qu'estimables grâce à leurs qualités authentiques: dialogues percutants, distribution au cordeau avec un Jean Poiret décidément irremplaçable dans ce rôle, atmosphère foutraque. Ce que vous percevez comme des faiblesses s'explique peut être en partie par le peu de temps et de moyens dont Chabrol et de Chalonge avaient à leur disposition. Cela est fréquent quand il s'agit de réaliser des téléfilms et Chabrol s'en est plaint. Mais ils ont, à mon avis bien rempli leur contrat et je ne boude pas mon plaisir en revoyant ces épisodes. Cordialement.

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    1. Bonjour, Tout d'abord merci pour votre commentaire ; tous les avis , même contradictoires , sont les bienvenues . Je vais donc tenter d'apporter une réponse : vous aurez remarqué que seul les épisodes de Chabrol font l'objet de vives critiques; les épisodes de De Chalonge sont a mon avis soignés, les dialogues sont délicieux et la distribution... bon vous l'aurez compris j'adore tout simplement les 2 épisodes de De Chalonge , comme je l'ai par ailleurs écris dans ma critique . Quand a Poiret j'ai également indiqué qu 'il était le point fort de la distribution. En ce qui concerne les épisodes de Chabrol en revanche je persiste , je les trouve mal réalisés , mal dialogués , a la limite du ridicule sur le jeux des acteurs et plus particulièrement du scénario. Pourtant Mr Chabrol a bénéficié des mèmes moyens et de la mème production que De Chalonge . J'ai donc du mal a trouver une excuse au travail de Chabrol et pourtant je suis d'ordinaire un fan . Cordialement .

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